Prise en charge par le chirurgien-dentiste en 6 étapes
La langue et son fonctionnement atypique a tellement de répercussions bucco-faciales, que sa prise en charge devrait être réalisée par le chirurgien-dentiste. J’ai créé un protocole en 6 étapes fondamentales et indissociables pour réussir la rééducation de cette déglutition atypique.
Rééducation Linguale : A quoi sert la langue ?
D’abord, parce que la langue participe à la croissance du palais, à la croissance des fosses nasales, des orbites et de la face en général.
La langue permet la prononciation adéquate des sons.
La langue favorise une bonne mastication bilatérale, parce que c’est elle qui va déplacer le bol alimentaire à droite et à gauche de manière alternée.
La langue permet bien sûr une bonne déglutition car en position symétrique et haute, elle permet au bol alimentaire d’aller directement là où il doit aller, en évitant les fausses routes.
La langue stabilise aussi la lordose cervicale, parce que la langue est attachée aux cervicales et en fonction de la manière dont elle fonctionne elle tire plus ou moins sur la chaîne cervicale.
La langue permet un bon alignement dentaire parce qu’elle constitue la partie interne de ce qu’on appelle le couloir dentaire dont la partie externe est constituée par les joues et les lèvres.
Il doit y avoir une force équilibrée entre les lèvres et la langue pour que les dents puissent venir se positionner au bon endroit dans ce couloir. Et c’est exactement ce couloir que reproduisent les équilibreurs EPTAMED.
La langue également nous parle de notre métabolisme. En médecine traditionnelle chinoise on lit sur le dos de la langue, les zones réflexogènes qui sont en rapport avec les organes.
On note aussi la texture, l’humidité, la couleur, l’enduit. Tout cela communique des informations en médecine traditionnelle chinoise sur le métabolisme et la santé des patients.
La langue également connecte le yin et le Yang. Dans sa position physiologique, pointe en appuis sur le palais, elle va connecter le yin du maxillaire avec le Yang de la mandibule, elle fait la connexion entre le ciel et la terre, la connection entre le méridien gouverneur et le méridien conception.
La langue nous parle aussi de blessures émotionnelles, de difficultés à protéger son territoire, de son incapacité à dire NON.
Vous comprenez donc l’importance de la langue.
Comment diagnostiquer un dysfonctionnement lingual ?
Pour cela, il faut d’abord observer le patient parler quand on lui demande pourquoi il vient nous voir. Il faudrait donc écouter et observer en même temps. On écoute ce que dit le patient, mais aussi on écoute la prononciation des syllabes, on observe les lèvres, le mouvement de la tête lors de la déglutition.
Une personne qui a une déglutition atypique en fait, va crisper les lèvres quand elle déglutit et elle va faire un mouvement de la tête, un peu comme un dindon, car elle sollicite des muscles qui normalement ne devraient pas travailler et qui tirent sur la chaîne cervicale. C’est une des raisons pour laquelle les patients en déglutition atypique ont souvent mal aux cervicales.
Rééducation Linguale : La déglutition physiologique

Il faudrait expliquer au patient comment il doit déglutir et comment sa langue doit se positionner. Donc la pointe de la langue doit se mettre au palais, 1cm en arrière des faces palatines des incisives du haut, en formant une cuvette qui va réceptionner la salive.
Les dents ne sont pas en contact, elles sont séparées par ce qu’on appelle « l’espace de repos ». Ceci est donc ce qu’on nomme « la position de repos de la bouche », c’est la position de la bouche qui dort et qui ne parle pas.
Quand une quantité suffisante de salive arrive dans la cuvette de la langue, on serre les dents, on se met en occlusion et la langue se sert de la force occlusale pour se contracter et envoyer la salive dans la gorge en se plaquant en totalité contre le palais.
Une fois qu’on a dégluti la langue revient en position de cuvette et les dents se remettent en position de repos. Mais pendant que tout ça se passe à l’intérieur de la bouche, les lèvres ne doivent pas bouger, le cou ne doit pas bouger, la tête ne doit pas bouger.
En résumé, quand quelqu’un avale on ne devrait pas voir qu’il avale et quand quelqu’un nous parle, on ne devrait pas voir sa langue. Si on voit sa langue quand il nous parle, c’est que la langue est trop basse et que le stade lingual n’a pas été intégré ou a été stoppé.
Le processus de maturation de la déglutition
Quand l’enfant tète, il crispe ses lèvres et pour pouvoir tirer le lait du téton, la langue déglutit en position horizontale et puis au fur et à mesure que les dents apparaissent, l’enfant commence la diversification alimentaire et s’oriente progressivement vers le sevrage. La sortie de la première dent est ainsi le signe du début du sevrage.
Lorsque l’enfant est nourri à la cuillère, les premières semaines avec des purées bien veloutées, il va téter les aliments par habitude. Puis très progressivement, il faudra intégrer des morceaux, donc écraser les légumes à la fourchette, pour déclencher le réflexe de mastication.
En effet, ce n’est pas la présence des dents, mais la présence de morceaux qui déclenche le réflexe de la mastication. Cette si précieuse mastication qui stimulera la croissance des maxillaires et de la face !
Comme par magie, la sortie des premières dents, la diversification alimentaire, et la posture assise de l’enfant sont presque concomitantes. L’enfant sort de la position fœtale et sa lordose cervicale se met en place, entrainant dans son mouvement, la langue qui pourra ainsi déglutir dans une position verticale pour éviter de s’interposer entre les dents lors de la déglutition.
Conséquences bucco-dentaires de la déglutition atypique
Si l’enfant continue à déglutir avec la langue horizontale lorsqu’il a des dents, d’abord il va se mordre la langue ou mettre en place des postures d’évitement qui vont perturber la croissance dentaire et osseuse :
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- Interposition molaires et prémolaires >>> manque de dimension verticale, rétrognatie mandibulaire et deep-bite.
- Pulsion antérieure >>> béance ou bipro-alvéolie
- Pulsion basse >>> prognatie mandibulaire et palais étroit avec manque d’expansion maxillaire.
- Je n’ai jamais vu une langue qui poussait trop le palais …
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Il est donc très important d’expliquer aux patients ces mécanismes pour qu’ils puissent accompagner leur rééducation. Mais il faudrait leur en dire encore plus pour qu’ils puissent se l’approprier.
Pourquoi la langue reste en position basse
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- Parce qu’il y a des tensions crâniennes, musculaires et ostéopathiques à la suite d’une naissance traumatique ou de traumatismes de la jeune enfance qui ne permettent pas à la langue de fonctionner correctement.
- Il peut y avoir aussi des anomalies médicales, par exemple en cas de trisomie ou chez certaines personnes qui ont un frein de langue trop court. Une chirurgie du frein de la langue est alors nécessaire.
- Il peut y avoir aussi des lésions cervicales, un coup du lapin ou tout autre traumatisme.
- La respiration buccale est également mise en cause dans le maintien de la langue en position basse. Il faudra intervenir sur les problèmes ORL avant toute rééducation.
- Autre cause, fléau de notre siècle : les tétines et le pouce qui obligent l’enfant à déglutir avec la langue en bas pendant de longues heures et ensuite, il ne sait plus faire autrement.
- Régression émotionnelle
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Rééducation Linguale : Le stade lingual
La compréhension du stade lingual permet au patient de s’approprier sa rééducation. Ce que j’appelle le stade lingual est le passage de la déglutition primaire avec la langue en position horizontale, au passage à la déglutition adulte avec la langue en position verticale.
Le stade lingual se met en place à partir du 9° mois et se stabilise dans l’année qui suit, avec le sevrage (ou l’arrêt du biberon), la sortie de toutes les dents de lait et l’alimentation solide.
Ce que j’appelle le blocage du stade lingual c’est lorsque ce passage de la déglutition horizontale vers la déglutition verticale qui ne se fait pas ou se stoppe pour une raison physique ou émotionnelle.
Causes émotionnelles de la déglutition atypique
Voici l’histoire émotionnelle de la langue et comment la puissance des émotions bloque le stade lingual dès l’enfance et ce, jusqu’à l’âge adulte.
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- Le bébé qui tète, dégluti avec la langue horizontale
- L’enfant qui mastique dégluti avec la langue verticale à partir du 9° mois environ
- A cet âge, l’enfant ne sait pas parler, mais il sait montrer ses premiers signes d’opposition (dire non avec la tête, pousser la cuillère avec sa main s’il ne veut pas manger, …). Il fait ses premières colères.
- En fonction de la manière dont son environnement va accueillir ses signes d’opposition, l’enfant va prendre une décision :
- Soit il est bien dans ses baskets, il se dit « je m’oppose, c’est normal. S’ils ne sont pas contents c’est leur problème, ce n’est pas le mien ». Il garde sa langue au palais et continue à avancer dans la vie la tête droite (bonne lordose cervicale).
- Mais d’autres enfants arrivent dans la vie avec d’autres valises et quand ils vont commencer à s’opposer et à constater une réaction hostile de l’environnement, voici leur réaction « Oh là là, si je continue à m’opposer, on ne va plus m’aimer ». Cet enfant prend alors la décision de se soumettre. La position de soumission est la tête baissée. C’est-à-dire que l’enfant va se remettre en position fœtale, sa lordose cervicale va se bloquer ou s’inverser, entrainant avec elle la langue qui se remet en position basse. Parce qu’en fait, la langue en bas c’est la langue qui tête, donc c’est une situation de soumission. Quand on tête, on est soumis, on est dépendant. Alors que lorsqu’on a des dents, les dents nous montrent que nous sommes des êtres autonomes et elles fonctionnent avec la langue au palais. Donc les enfants qui ont choisi de se soumettre ont la langue qui se remet en bas.
- Ensuite, après l’enfant soumis arrive l’adolescent rebelle, puis l’adulte aux colères rentrées, celui qui ne sait pas poser ses limites, qui ne sait pas dire non, qui dit trop souvent oui, toujours pour faire plaisir, mais il reste en colère contre lui-même parce qu’il se dit « j’ai encore dit oui je n’ai pas osé dire non ». Les seuls NON qui sont dits, le sont dans la violence et la colère.
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Quand on travaille avec des patients, adultes ou enfants, il faudrait leur expliquer le lien entre la position de leur langue et la sensation de danger affectif dont ils souffrent.
Généralement, ils comprennent très vite, car ils se reconnaissent dans ce schéma de fonctionnement. Ils réalisent que ce n’est pas juste une position linguale à corriger, mais qu’ils vont aller beaucoup plus loin et transformer leur vie. Leur rééducation prend alors un sens plus profond.
Bénéfices de la rééducation linguale
Donc si le stade lingual est bloqué, il ne pourra pas se remettre en place tout seul sans rééducation. Mais pour que la rééducation fonctionne, toutes les causes dont je viens de vous parler (il y en a 6) doivent être prises en compte. Si on en oublie une, ça ne fonctionnera pas.
En ce qui me concerne, je leur fais une espèce de mini coaching, en leur expliquant comment ils vont pouvoir rééduquer leur langue mais aussi pourquoi ils devraient le faire, parce qu’il y a plein de choses au niveau physique qui vont se transformer dans leur vie mais aussi au niveau émotionnel.
En effet, petit à petit, au fur et à mesure de la rééducation, ils auront de moins en moins mal aux cervicales, ils se sentiront plus calmes, plus en sécurité émotionnelles et ils vont se rendre compte qu’ils disent plus facilement NON mais ce ne sera plus des NON dans la colère, ce seront des NON beaucoup plus doux et beaucoup plus posés, mais non moins fermes.
Ainsi ils vont apprendre à poser des limites, à protéger leur territoire et à faire des choses en accord avec ce qu’ils pensent vraiment.
Protocole pour une rééducation linguale efficace.
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- 1°- un activateur fonctionnel la nuit. On va le choisir en fonction de la pathologie occlusale de départ : série 1 si classe 1 ; série 2 si béance ; série 3 si classe 3 ; série C si classe 2 ; série U si occlusion normale. Ainsi l’équilibreur commence à travailler sur l’occlusion et les fonctions en parallèle de la rééducation de la langue. Plus spécifiquement, il va la nuit aider à mettre la langue au palais et évite toute interposition. La langue est ainsi « cadrée » pendant la nuit.
- 2°- le Nikki qui se met en avant des dents entre les dents et les lèvres. On le garde 1 h. par jour (par exemple en lisant ses mails), cela veut dire quand vous avez les mains occupées, les yeux occupés, le cerveau occupé, cela dans le but d’oublier complètement ce qui se passe dans la bouche. Parce que l’objectif, c’est d’oublier ce petit appareil pour le laisser effectuer son travail sans notre contrôle. Et son travail, c’est de recréer la boucle neuromusculaire adulte entre les lèvres, le cerveau et la langue. Quand les lèvres se crispent, ça envoie un message au cerveau pour lui dire « cette personne est en train de téter », donc la langue se met en bas pour fonctionner horizontalement. Quand on interpose le NIKKI entre les lèvres, cela annule le message de succion, ça va envoyer un message au cerveau pour lui dire que cette personne est en train de mastiquer et la langue fonctionnera de manière verticale.
- 3°- Effectuer des exercices au réveil et au coucher. C’est-à-dire que le matin quand on se réveille, on s’assoit dans le lit, on enlève son équilibreur et on fait ses exercices. Le soir, on fait les exercices également assis dans le lit, avant de mettre son équilibreur pour dormir. Donc les exercices, c’est le claquement de langue, la prononciation des syllabes LA, NA, TA, DA avec la pointe de la langue au palais, à la jonction entre le palais qui présente des petites vagues et le palais qui se creuse. C’est le point de référence du LA. Comme en musique le LA est la référence ! Et ensuite on fait répéter chaque syllabe 20 fois, la la la la la la la la la…, na na na na na na na na na…, ta ta ta ta ta ta ta ta ta ta ta… et da da da da da da da da da da da…
- Il faut ensuite expliquer au patient ce qu’est la position de repos. Présence de l’espace de repos entre les faces occlusales des dents, les lèvres closes détendues et la langue au palais en forme de cuvette avec la pointe de la langue sur le point de référence du LA. Le dernier exercice est le piston. Pour cela le patient se met en position de repos avec l’objectif d’y rester malgré la pression qui va être dirigée vers le haut avec l’index qui va pousser la mandibule comme si on voulait mettre les dents en contact, mais avec la langue on va faire une contre pression pour faire en sorte que la mandibule ne bouge pas. On fait ça sous forme de piston (on pousse et on relâche 20 fois) on sent que la langue se contracte et se relâche mais sans bouger. Cet exercice a pour objectif de remuscler la langue qui est devenue flasque à force de rester en position basse. Donc ce piston redonne aux 17 muscles de la langue leur tonicité et leur capacité à tenir verticalement sans fatiguer. Cet exercice est d’une grande aide contre les apnées de sommeil et le double menton !
- Si on sent que la personne a vraiment besoin d’un peu plus d’aide, il y a des pages de lecture issues des travaux de Maryvonne Fournier. Chez les personnes les plus résistantes, qui ont besoin de plus d’aide, il y a toute une série d’exercices qui peuvent être faits, mais déjà si on fait ces 3 (le claquement de langue LA, NA, TA, DA et le piston) matin et soir, on a d’excellents résultats.
- Focus pendant 6 mois, le patient devrait être « obsédé » par sa langue. C’est-à-dire que tout au long de la journée, il devrait se demander si sa langue est bien positionnée au palais. Ainsi, la langue sera rééduquée à vie.
- 4°- l’ostéopathie crânienne tous les mois, pendant 6 mois. À chaque séance, il faut apporter le NIKKI et l’équilibreur à l’ostéopathe qui va pouvoir ainsi affiner son écoute crânienne et améliorer son traitement en prenant en compte l’action des appareils en bouche. Le repositionnement de la langue sera amélioré et plus stable dans le temps grâce à un suivi intense en ostéopathie.
- 5°- Expliquer aux patients la symbolique de la langue, ce qui s’est passé au niveau émotionnel pour qu’il puisse reconnecter la mémoire cellulaire et s’approprier son traitement.
- 6°- On peut donner aussi un traitement en nutripuncture (homéopathie fréquentielle) avec la série D-GLUT de chez Pronutri, à prendre 3 semaines au début de traitement renouveler à 3 mois puis à la fin à 6 mois.
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Rééducation Linguale : Consolidation du traitement
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- Pour consolider le traitement, il est préférable de rester vigilent encore quelques mois :
- Diminuer progressivement les exercices, en faire uniquement de temps en temps dans la journée si on s’aperçoit que la langue reprend quelques libertés.
- Refaire 3 semaines de nutripuncture avec le D-GLUT
- Au bout des 6 mois, on peut continuer l’ostéopathie tous les 2 mois, et en tout cas, pendant toute la durée du port de l’équilibreur, jusqu’à la stabilisation finale de l’occlusion.
- Arrêter le Nikki au bout de 6 mois
- Contrôle tous les 3 mois, puis tous les 6 mois, puis tous les ans.
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Vous aurez donc compris que
les leaders de demain seront ceux
qui auront la langue au bon endroit !

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