LES NANOMATERIAUX AU CABINET DENTAIRE
Résumé d’un article paru dans l’information Dentaire du 17 janvier 2024, écrit par le Dr Alice Baras. Mathilde d’Etcheverry et le Dr Elisabeth Dursun.
Près de 400 000 tonnes de Nano matériaux, sont importés ou fabriqués chaque année en France. Ils sont présents dans les produits de grande consommation, mais aussi en médecine humaine dont la chirurgie dentaire.
Nanoparticules dans les produits dentaires
En effet, les nanoparticules entrent dans la composition de nombreux biomatériaux dentaires, produits d’hygiène dentaire ou médicaments. Leur extrême petite taille leur confère des propriétés supérieures à celles de plus grosses particules de même nature. Leur forte réactivité et leur dissémination à grande échelle, entraîne des effets indésirables sur la santé et sur les écosystèmes.
Origine des nanoparticules
Dans le monde des nanoparticules, certaines sont d’origine naturelle, émanant notamment des volcans ou des embruns marins. D’autres sont produit de manière non intentionnelle par la pollution humaine. Enfin, d’autres sont manufacturées et utilisées par l’industrie : les nano-Argent, les nano-tube de carbone, les nanoparticules de dioxyde de titane ou les nano-silice. On les retrouve dans les aliments, dans l’électronique, les revêtements, les textiles, l’aéronautique, des cosmétiques et bien sûr dans le domaine médical.
Danger des nanomatériaux
Pour les mêmes raisons que celles qui leur confèrent des avantages, les nano matériaux peuvent être dangereux. Ils sont si petits qu’ils peuvent passer toutes les barrières physiologiques : encéphalique, placentaire, vasculaire et pénétrer profondément l’organisme puis migrer dans différents organes. Leur forte réactivité et leur capacité à créer des radicaux libres, et ainsi, à endommager les membranes cellulaires, voir les chromosomes, peuvent être à l’origine des effets néfastes au niveau des organes et des systèmes respiratoire, nerveux, digestif, immunitaire, reproductif ou encore vasculaire.
Exemple du dioxyde de titane
Ainsi par exemple, le dioxyde de titane que l’on peut retrouver dans des produits à usage dentaire est classé cancérigène. Une exposition chronique par voie orale est susceptible d’entraîner des lésions colo-rectales précancéreuses chez le rat. Ont été également observés des risques tels que des retards de croissance, des anomalies de développement fœtales, ou de la reproduction, des troubles neurologiques, des phénomènes d’immuno- suppression, des réactions d’hypersensibilité et d’allergie.
Règles de bonne pratique avec les nanomatériaux
Dans les bio matériaux dentaires, l’utilisation dépasse largement celle de l’établissement des règles de bonnes pratiques et de limite d’exposition. Le principe de précaution devrait être appliqué. Des nanoparticules ont été repérées dans près de 3500 biomatériaux : dans les composites et les adhésifs sous forme de NP d’argent, dans les ciments dentaires (phosphate de CVIMAR, Silicate de calcium), au sein de matériaux d’empreinte, à la surface des implants et même dans certains masques chirurgicaux.
Pollution lors des soins dentaires
Au-delà de la composition des bio matériaux, des nanos sont larguées lors des activités, de fraisage et de polissage, exposant les patients, mais surtout au quotidien, les praticiens, les Assistantes dentaires et particulièrement les prothésistes.
La maîtrise des risques d’exposition devient donc une priorité. Des recommandations ont été données par la Fédération Dentaire Internationale :
- Limiter au maximum le fraisage des matériaux dentaires,
- Travailler sous irrigation et aspiration efficace,
- Bien ventiler les locaux,
- Protéger le personnel avec des lunettes et des masques FFP3,
- Utiliser la digue.
Interdire le dioxyde de titane
L’utilisation de dioxyde de titane comme additif dans l’alimentation a été interdite en 2020 en France et en 2022 en Europe. Cependant, il est toujours autorisé dans la composition des médicaments et des dentifrices alors que de récents résultats de recherche de l’INRAE montrent que des nanoparticules de dioxyde de titane peuvent passer directement dans le sang, via les muqueuses de la bouche et détériorer l’ADN des cellules buccales humaines. Depuis quatre ans, 75 dentifrices ont retiré le dioxyde de titane de leur composition.
Résumé d’un article paru dans l’information Dentaire du 17 janvier 2024, écrit par le Dr Alice Baras. Mathilde d’Etcheverry et le Dr Elisabeth Dursun.
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