PARODONTOPATHIE ET COVID LONG

Par le Dr Catherine Rossi

Je vous propose ici un extrait résumé d’un article paru dans la revue Nexus  n°140 de mai-juin 2022. Claude Escarguel microbiologiste et Jean Marc Sabatier microbiologiste et biologiste cellulaire ont été interviewés sur leurs observations concernant le COVID long. Quelle n’a pas été ma surprise de trouver dans cet article un très long paragraphe concernant le rôle des parodontites dans l’apparition des COVID longs, l’augmentation des risques d’intubation et de mortalité.

Co-infection et COVID grave

Ce lien était devenu pour moi une évidence lorsqu’un jour j’avais entendu le professeur Raoult annoncer que les personnes en réanimation présentaient un taux élevé de prévotella dont il ne comprenait pas l’origine. L’origine parodontale était donc pour moi une évidence et j’avais déjà communiqué à ce sujet sur les réseaux dès 2021.

Ces chercheurs ce sont aperçus que beaucoup de personnes qui ont développé un COVID long avaient des antécédents médicaux liés à des infections pulmonaires via la présence avérée de germes intra cellulaires comme chlamydiae, mycoplasme ou légionelles. D’autres patients présentaient aussi des pathologies infectieuses non pulmonaires comme Lyme, mais dans tous les cas ces co-infections généraient une aggravation des symptômes COVID et COVID long.

Maladie des gencives et COVID long

Ils ont par ailleurs poussé les investigations et ont découvert, grâce aux travaux des chirurgiens-dentistes, que les malades atteints de parodontites graves étaient victimes de formes très sévères de la COVID-19. Une parodontite grave multiplie en effet par 3 le risque d’hospitalisation, par 4 ou 5 celui d’être intubé et par 10 la mortalité ! Il faut souligner que dans cette maladie buccale, l’organisme est en face d’éléments pathogènes très agressifs (germes anaérobies, Tréponèmes, aéromonas) que l’on ne recherche quasiment jamais en bactériologie classique. C’est probablement aussi pour cette raison qu’en début d’épidémie, des taux importants de porphyromonas ou de prévotella ont été détectés dans le microbiote intestinal de certains malades de la COVID-19, ces germes, caractéristique des parodontopathies, ayant migrés depuis la sphère ORL.

Les virus parasitent les bactéries

Cette piste de l’interaction bactérie-virus n’est donc pas à négliger, comme l’a démontré récemment l’équipe italienne du professeur Carlo Brogna. Ces résultats établissent que le virus serait capable de pénétrer et proliférer à l’intérieur des bactéries tout en favorisant la libération de toxines variables selon les co infectants colonisés. Ces travaux rejoignent d’ailleurs ceux que menait le professeur Luc Montagnier, ainsi que ceux de son équipe, qui avait fait l’objet d’un brevet il y a une trentaine d’années. Nos microbiologistes avaient démontré à l’époque, qu’en ajoutant des germes à une culture virale, on multipliait par 100 la prolifération du virus.

Antibiotiques et COVID

L’interaction bactéries/virus expliquerait l’efficacité de certains traitements antibiotiques sur la maladie COVID. Le point commun de ces différents axes de recherches serait peut-être la sphère ORL ? Jean Marc Sabatier en est aujourd’hui intimement convaincu. Il est certain que toutes les pistes évoquées, que ce soient les dysfonctionnements du système immunitaire, les processus inflammatoires induits ou encore une possible activité bactériophage du virus, sont à prendre en compte et se combinent probablement pour donner naissance au COVID long. Mais pour ce chercheur, la cause première serait la rémanence du virus, imparfaitement éliminé, au sein de l’organisme. La présence résiduelle du virus serait effective au niveau de certains organes, dans les cellules humaines et/ou bactérienne, par intégration de l’acide nucléique du virus dans le génome via une rétrotranscription. Cette persistance du SARS-CoV-2 réactiverait de façon transitoire ou chronique les symptômes et les maladies COVID-19.

Troubles neurologiques et COVID

Les perturbations du SRA au niveau du système nerveux central expliqueraient quant à elles, les troubles neurologiques et cognitifs importants qui sont actuellement découverts. Le SARS-CoV-2 est en effet capable d’infecter les cellules cérébrales –neurones, astrocytes, cellules microgliales- en se fixant sur les récepteurs ECA2 de ces cellules. Après avoir pénétré dans la sphère ORL, le virus attaque le bulbe olfactif, situé sur le plancher de la boîte crânienne, en passant par l’épithélium olfactif qui se situe juste en dessous, au niveau de la cavité nasale. D’où au passage l’explication du phénomène d’anosmie mais aussi d’agueusie puisque ce bulbe olfactif gère également les informations concernant le goût.

Quant aux pertes de substances grises du cerveau, constaté par imagerie cérébrale, elles correspondent à la destruction des cellules nerveuses induites par l’infection virale. Concernant l’importance des co-infections avec des microbes pathogènes dans le COVID long, le système rénine- angiotensine pilote aussi le microbiote intestinal. Il est vraisemblable que le SRA pilote également le microbiote buccal, bien que cela n’ait jamais encore été étudié.

Trithérapie et COVID

Lorsque Claude Escarguel était à l’IHU de Marseille, le professeur Mathieu Mignon lui a confié n’avoir connu aucun décès depuis septembre 2021 en traitant des milliers de personnes depuis cette date en ambulatoire précoce avec le cocktail zinc /ivermectine/azytromycine ! D’ailleurs tous les traitements actifs sur les pneumopathies atypiques (macrolides, tétracyclines) et sur les parodontites ont montré leur aptitude à prévenir les formes graves. D’un autre côté, toutes les comorbidités nées de la COVID-19 (immunosénescence des personnes âgées, obésité, diabète, HTA, HIV, Maladie de Crohn,…) s’accompagnent de parodontite.

Une autre trithérapie très prometteuse (anti-agrégant plaquettaire/ anticoagulants HBPM/ antioxydants) vient d’être récemment mise au point par les cardiologues tunisiens et les infectiologues d’Afrique du Sud. Elle permet d’éliminer les micro-caillots, probablement issu d’un complexe fibrine/ plaquettes/ amyloïdes, résistant à la fibrinolyse. La présence des amyloïdes dans le sang provient d’un mécanisme de défense de l’organisme face à certains germes : herpès, parodontites, virus d’Epstein Barr, infection à cytomégalovirus.

Les études ont montré que la vitamine D et le zinc étaient essentiels pour contrer les effets délétères induits par le virus, y compris dans le cerveau. Nous savons également en dentisterie holistique qu’entres autres, ces 2 éléments, Zinc et vitamine D, sont essentiels pour accompagner la guérison d’une maladie parodontale.