La profession dentaire au Japon

par | 5 Déc 2019 | Articles | 4 commentaires

En novembre 2019, avec l’association AEREF, association de dentistes pratiquant l’orthodontie fonctionnelle, je suis allée au Japon pour un voyage d’étude et de découverte.

Lors de notre passage à Tokyo, nous avons rencontré un chirurgien-dentiste, qui nous a accueilli dans son cabinet et nous a fait découvrir l’organisation de la profession dentaire au pays du Soleil Levant.

Dans la société japonaise, les chirurgiens-dentistes sont respectés par la population au même titre que les médecins et les pharmaciens. Ils font quand même partie du top 10 des meilleurs revenus du pays.

Le nombre de dentistes est maintenant saturé au Japon. Il y a 29 écoles dentaires, 11 nationales, 17 privées, et une préfectorale. Seulement environ 40 % des étudiants qui s’inscrivent en première année seront diplômés au bout de 6 ans. Les études sont très chères, surtout dans les écoles privées, environ 100 000€ par an la première année avec les droits d’inscription, puis 50 000€ par an pour les années suivantes. Même à l’examen final, seulement environ 65 à 70 % seront diplômés. Il n’y a pas de thèse mais le diplôme porte sur  les notes des parties pratiques et théoriques.

La population du Japon est de 126 140 000 personnes. Il y a 104 533 dentistes répartis sur 68 477 cabinets dentaires, ce qui fait une moyenne environ de 82 dentistes pour 100 000 habitants. Il est dit qu’il y a plus de cabinets dentaires que de magasins de 1eres nécessités !

Sur les 104 000 dentistes, il y a environ 99 000 omnipraticiens, 2 108 spécialistes en chirurgie orale, 1 196 parodontistes, 1 274 pédodontistes, 349 orthodontistes diplômés, 367 dentistes spécialisés en anesthésie et 189 dentistes radiologistes. Mais en réalité, environ 50 % des chirurgiens-dentistes pratiquent l’orthodontie sans avoir leur diplôme de spécialiste.

C’est un pays où tous les soins de base sont pris en charge par la Mairie de la ville et les visites sont obligatoires. Il y a un bilan prénatal, un premier bilan à 1an ½ et un autre à 3 ans. Ces 2 premiers RDV sont également une opportunité pour les services de protection de l’enfance de vérifier que les enfants sont bien traités. Ensuite il y a un bilan annuel, fait à l’école, et lorsque les personnes travaillent dans des sociétés, elles ont également droit à un bilan annuel. Ensuite à partir de 40 ans, tous les 10 ans, la population a droit a un bilan parodontal.

Dans ces visites obligatoires, est compris la consultation avec le bilan dent par dent, les radios et un bilan parodontal, avec un charting. Certains praticiens font en plus un bilan de l’occlusion, un examen des tissus mous et une analyse de l’ATM.

Les chirurgiens-dentistes travaillent beaucoup en collaboration avec les médecins car ils ont compris le lien entre les maladies parodontales, les maladies dentaires et toute une série de pathologies générales, entre autres le diabète, les pneumopathies, les endocardites, les apnées du sommeil et les hypo fonctions buccales surtout chez les personnes âgées.

L’évolution de la dentisterie au Japon s’oriente de plus en plus vers la prévention et beaucoup moins vers les soins.

La prévention est une priorité pour la profession. Tous les cabinets dentaires ont un hygiéniste. Les hygiénistes n’ont pas, comme en Suède, la possibilité de s’installer en libéral. Elles sont toujours dépendantes d’un cabinet dentaire et sont employées par le chirurgien-dentiste. La prévention s’oriente autour des instructions d’hygiène buccale, des instructions pour le brossage dentaire et le brossage de la langue. Ils font des applications de fluor, des sealents pour les puits et fissures et également une détection des bruxismes et serrements de dents. Tous ces actes sont réalisés par l’hygiéniste qui s’occupe également de toute la partie parodontale, détartrage, prophylaxie et maintenance. L’hygiéniste gère toute la politique préventive du cabinet. Officiellement elle n’est pas censée travailler en parodontie dans les poches parodontales, sauf si le chirurgien-dentiste dont elle dépend la forme et lui en donne l’autorisation.

Concernant la prise en charge des soins dentaires au Japon, ils sont gratuits jusqu’à l’âge de 15 ans comme les soins médicaux. Ils sont également gratuits chez les familles monoparentales mais généralement les patients ont à leur charge 30 % des soins dentaires, il n’y a pas de mutuelle qui couvre les soins dentaires à 100%.

Chez les patients âgés, cette prise en charge personnelle est de 10 à 30 % des traitements, en fonction du revenu des personnes. Par contre les prothèses céramiques, les prothèses en or, les implants, les traitements d’orthodontie, le blanchiment des dents et les appareils amovibles à base métallique ne sont pas pris en charge par les services sociaux de la ville et il n’y a aucune mutuelle complémentaire. Il n’y a pas non plus d’assurance privée au Japon qui couvre les soins dentaires.

Les actes de dentisterie conservatrice pris en charge par les services sociaux ont des tarifs équivalents à nos tarifs français (27€ l’obturation une face), mais il fait partie de la culture japonaise de prévoir un budget pour ses soins dentaires.

Le docteur Tomohiro INABA qui nous a reçu, nous explique que ses patients, généralement, n’hésitent pas choisir ce qu’il y a de mieux pour leurs dents.

Sa secrétaire étant française, il est le correspondant de l’ambassade de France, pour prendre soins des ressortissants français habitants dans la région de Tokyo.

Un grand merci au Dr INABA pour son accueil chaleureux et confraternel et la présentation de toutes ces informations qui nous ont permis de découvrir la vie professionnelle de nos confrères japonais.

4 Commentaires

  1. Imène Charmi

    Bonjour Catherine Rossi, J’ai aussi été dans le cabinet du Dr Inaba en décembre 2018, dans la cadre de ma thèse. Quelle surprise !
    Pourriez-vous m’indiquer les sources des chiffres svp ? 🙂 ainsi que les autres informations?

    Réponse
    • Catherine ROSSI

      En effet c’est une surprise !
      C’est lee Dr Inaba qui m’a donné tous ces chiffres
      Il les a trouvé auprès des instances dentaires japonaises
      Bien sincèrement

      Réponse
  2. Julien M.

    Bonjour, merci pour cet article très intéressant. Concernant les logiciels de gestion de cabinet, savez-vous les logiciels utilisés par ces dentistes ?

    Merci par avance !

    Réponse
    • Catherine ROSSI

      LOGOS, VISIODENT, JULIE, …

      Réponse

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